Jesus Christ superstar

Samedi 19 avril :

Nous sortons de l'hôtel. Des militaires sont déjà en poste, prêts à boucler la ville. Ils nous apprennent qu'il sera possible de quitter Jérusalem à tout moment mais qu'il sera difficile d'y rentrer jusqu'à 16h. Et oui, c'est samedi Saint + Shabbat de Pâques. Lorsque nous arrivons à la porte de Jaffa, une longue file de pèlerins attend derrière les barrières alors qu'il est à peine 9h. Nous quittons facilement la vieille ville et passons par l'extérieur des remparts pour rejoindre la porte de Damas où nous prenons un bus en direction de Bethléem. Le trajet dure 30 minutes. Nous voici en territoire palestinien. L'ambiance est bien différente. Beaucoup d'animation et de vie alors qu'en quittant Jérusalem un jour de Shabbat, tout était mort.

Nous nous dirigeons vers la place de la Crèche et vers l'église de la Nativité. Nous entrons par une toute petite porte ; la porte d'origine a été rétrécie par les Croisés pour éviter que les ennemis entrent dans les lieux à cheval pour saccager les reliques (comme si c'était les chevaux qui saccageaient les reliques).

Avant de visiter la grotte, nous entrons dans l'église Sainte Catherine qui jouxte l'église de la Nativité. C'est depuis cette église qu'est retransmise la messe de minuit en France et dans tous les pays du monde, le 25 décembre.  Beaucoup de fidèles viennent embrasser la statue de Jésus déposée devant l'autel. Certains lui essuient le corps, d'autres lui baisent les pieds, d'autres encore se prennent en photo devant avec une tablette. Chacun sa ferveur !

On trouve des grottes en sous-sols ; l'une d'elle abrite le tombeau de Saint-Jérôme (l'apôtre, pas le chanteur).

Nous nous mettons dans la file d'attente pour entrer dans la grotte de la nativité. Il y a foule. 1H40 plus tard, nous atteignons enfin l'entrée et descendons par un escalier. L'endroit marque le lieu de naissance de Jésus. Une étoile à quatorze branches marquait l'endroit mais elle fut volée en 1847 et chacune des trois communautés chrétiennes (orthodoxe, arménienne et catholique) accusa les deux autres du vol. Cette étoile n'a jamais été retrouvée. C'est donc une copie que nous voyons. A force de conflits entre chrétiens, le lieu est maintenant partagé entre les trois communautés par les accords dits de status quo (le traité, pas le chanteur).

Sur la droite, l 'étoile au sol indique le lieu de la naissance. Sur la gauche en rentrant, Sheila que se trouve un autel avec des lanternes qui commémorent l'adoration des trois rois mages.

Les comportements ne sont pas tous très catholiques. Ca pousse, ça cherche à gruger... devant l'emplacement de l'adoration des trois rois mages, trois dames Russes jouent des coudes. On les avait déjà repérées dans la file d'attente celles-là (il n'y a pas grand chose à faire dans les files d'attente). L'une d'elle demande à Marie de se pousser d'un geste de la main. Marie la regarde avec un grand sourire et lui dit « spaciba ? Pajolsta ». Elle n'est pas très contente qu'on lui parle en russe et demande maintenant de l'aide pour se relever, d'un endroit où il est interdit de s'asseoir. Elle commence à s'énerver et maugrée en russe. Guidu la gratifie d'un gentil « Horacho » puis d'un « moi aussi je t'emmerde ». Elle parvient à se relever, boule Guidu et le pince ! Guidu ne bouge pas d'un pouce et met le pied malencontreusement sur son pull qui était accroché autour de sa taille. Elle passe en maugréant et sort. Le pull est resté dans la grotte. En ressortant, nous l'avons vue qui le cherchait. 'Va falloir qu'elle se recogne 2h de queue si elle veut le récupérer. Pas très catholique tout ça...

Vous noterez qu'on ne parle pas de l'émotion de nous trouver dans la grotte de la Nativité. Il faut dire que les conditions n'étaient pas optimales car, outre l'épisode des Russes, le temps passé en bas est court est difficile à apprécier, un pope nous assénant des « Venerate and go ! Quick ! » (« Vénérez et partez ! Vite !). Pendant que d'autres vénèrent comme ils peuvent, nous sommes quelque peu vénères de telles conditions.

Nous ressortons et traversons rapidement le souk. Le marché aux fruits et légumes ressemble à de nombreux marchés que nous avons pu voir. Au fond, des vendeurs vendent des objets d'occasion qui semblent sortir de la déchèterie. Nous ne nous attardons guère.

Après un rapide kebab, direction l'église de la Grotte du Lait. Marie (de Nazareth), voulant échapper aux soldats d'Hérode, s'y serait cachée et y aurait allaité Jésus. Les pierres de la grotte, de couleur rouge, seraient alors devenues blanches au contact d'une goutte de saint milk. L'église est très jolie et l'endroit plus quiet que la grotte de la Nativité. N'empêche, Marie (de Tasdon) n'y croit pas du tout à cette histoire de lait et de grotte.

Nous prenons ensuite un café en terrasse pour avoir une vue sur Bethléem puis nous nous rendons au Musée de la Nativité, où sont réunies 200 crèches du monde entier. En route, nous croisons un cortège de jeunes avec tambours, flambeaux, croix et sabres. Ils se dirigent vers l'Eglise de la Nativité. L'ambiance est festive ! C'est Samedi Saint !

Nous attendons ensuite l'ouverture du musée qui... ne se produit pas. Tant pis, nous allons ensuite vers le mur de séparation. A partir du milieu des années 1990 puis après la seconde intifada du débit des années 2000, les autorités israéliennes ont décidé la construction d'un mur séparant Israël et la Palestine. A l'origine, il était censé conduire vers la paix, marquant de manière franche les deux territoires, suivant la ligne de démarcation telle qu'elle a été conclue à l'armistice entre Israéliens et Jordabniens. Sauf que le tracé du mur dessine des décrochements autour des colonies juives de Palestine, ce qui forme des enclaves palestiniennes coupées du reste de la Cisjordanie... Et puis un mur de 8m de haut en béton antisnipers sans l'accord d'un des deux territoire concerné, on a déjà vu ça et ça n'a pas tellement favorisé la paix...

De nombreux graffitis ornent le mur, qui traduisent l'incompréhension et la bêtise de cette construction. Des témoignages de Palestiniens sont affichées, qui racontent le quotidien et le malaise de vivre à côté de ce mur... surtout de ce côté.

Nous nous dirigeons ensuite vers le checkpoint 300. Nous sommes seuls et passons rapidement après avoir montré nos passeports. On imagine l'horreur de l'attente, des heures durant, sous des tôles en ferraille, en plein désert, de ceux qui souhaitent se rendre en Israël... Pour nous, le passage est rapide. C'est Shabbat.

Nous reprenons le bus pour rentrer à Jérusalem. Après un tour au marché situé porte de Damas, nous traversons le souk de la vieille ville. Nous posons nos courses à l'hôtel et nous rendons à la Basilique du Saint-Sépulcre, dans laquelle nous n'avions pas pu rentrer la veille. Il y a du monde mais nous pouvons circuler. Nous prenons le temps de regarder les détails que nous n'avions pas vu la première fois.

Nous rentrons à l'hôtel et pique-niquons sur le toit pour notre dernière soirée à Jérusalem.

Comments

[aicha]

je suis trés émue de vous lire,ce pélerinage en terre sainte,surtout en cette période de Paques restera gravé a jamais dans vos coeurs .je continue de vous suivre ,a + et bon courage