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C'est la croix et la barrière

Publié le par Marie et Guidu

Vendredi 18 avril :

 

Nous décidons de retenter notre chance ce matin au dôme du Rocher. Le mur des Lamentations est bien là mais il est toujours impossible d'accéder à la rampe menant à l'esplanade des mosquées. Qu'à cela ne tienne, nous retraversons la rue pour nous rendre à la citadelle de David. Nous faisons un crochet vers le syndicat d'initiative pour demander comment se rendre au dôme du Rocher. Le gars nous dit que c'est fermé en raison des fêtes juives et chrétiennes cette semaine. En tout cas, l'accès pour les non-musulmans est fermé. Pour le reste, nous n'en savons pas plus.

 

La citadelle de David comprend principalement la tour d'Hérode de laquelle la vue sur la ville est magnifique, la tour de David transformée en minaret et plusieurs salles retraçant l'histoire de la ville. Cette citadelle fut érigée dans un premier temps par Hérode (celui de l'expression). Après de multiples destructions et autant de reconstructions, l'ensemble prend son aspect actuel sous le règne des mamelouks (au 14ème siècle). L'exposition sur l'histoire de la ville est très instructive et nous permet de comprendre un peu mieux sa complexité. Sans vouloir jouer à l'apprenti négociateur, beaucoup de peuples peuvent revendiquer un lien très important avec cette ville. Ajouté à cela toutes les susceptibilités religieuses et sa cartographie particulière (avec des traversées de quartiers de confessions différentes pour se rendre à un lieu sacré), les tensions sont bien présentes.

C'est la croix et la barrière
C'est la croix et la barrière

Nous décidons ensuite de rejoindre la porte de Damas au nord de la ville où nous prendrons notre transport demain pour Bethléem. Pour cela, nous passons par l'intérieur de la ville et nous devons franchir la via Dolorosa (le chemin de croix) qui la traverse d'est en ouest. Des barrages de policiers et de soldats du Tsahal empêchent de passer. Nous voyons quelques processions avec des porteurs de croix à leur tête.

 

C'est la croix et la barrière

Nous décidons de contourner les barrages un peu plus à l'est par le quartier musulman. Là, les tensions se font plus rudes et ça tourne un peu au vinaigre quand un mec se fait refouler un peu fort par un soldat. La foule mécontente (beaucoup d'enfants et d'ados) vient provoquer l'armée. On sent bien qu'une petite étincelle peut vite tourner à l'émeute notamment lorsqu'un soldat charge sa flashball. On ne demande pas trop notre reste et on décide de trouver un autre chemin. Nous arrivons enfin à passer et à remonter à travers des petites ruelles pas toujours indiquées sur le plan.

C'est la croix et la barrière

Arrivés à proximité de la porte de Damas, nous entendons à nouveau des voix fortes et des interjections. Encore des tensions... Non, il s'agit en fait d'un marché avec des mecs qui vendent des chaussures et des fruits en appâtant le chalands. Mais ça donne un peu l'air qu'ils s'engueulent quand même.

C'est la croix et la barrière

 

De l'autre côté de la porte de Damas, l'ambiance est plus paisible et les boutiques succèdent au marchands ambulants avec un faux air de venta de la frontière franco-espagnole à la mode orientale.

 

Un peu plus loin, nous pénétrons dans le jardin de la Tombe. Cet espace, ayant probablement appartenu à Joseph d'Arimathie (riche adorateur de Jésus) serait, selon certaines sources, le véritable lieu de la crucifixion et de la sépulture du Christ. En effet, selon les évangiles, la crucifixion se serait tenue sur un lieu proche d'un jardin et faisant penser à un crâne (Golgotha en araméen), il se trouve que la falaise qui jouxte ce jardin possède des cavités qui font penser à la forme d'un crâne. De plus, les crucifixions se déroulaient toujours près d'une voie passante (pour freiner les ardeurs des éventuels voleurs ou prophètes en herbe). Il se trouve que ladite falaise se situait juste au-dessus de la voie menant de Damas à Jéricho. Enfin, la sépulture de Jésus devait se trouver dans un endroit creusé dans la roche et où plusieurs personnes pouvaient se tenir debout. Il se trouve que des tombes ont été retrouvées sur le site correspondant à cette description.

 

C'est la croix et la barrière

Loin de la torpeur que nous venons de vivre, c'est agréable de retrouver un peu de tranquillité et de zénitude. Le lieu est déjà quiet en lui-même mais en plus, aujourd'hui, vendredi saint, il est interdit aux groupes. Il est réservé à la méditation.

C'est la croix et la barrière

Quoi qu'il en soit, au vu de l'ambiance qu'il régnait au Saint-Sépulcre, Guidu préfère croire que la version du jardin de la Tombe est la vraie. Cela correspond davantage à la vision qu'il pouvait avoir d'un lieu sacré.

 

Nous retournons dans la vieille ville en empruntant la porte d'Hérode (celui de l'expression) et nous arrivons à l'église de Sainte Anne. Celle-ci a été une des rares à ne pas avoir été détruite pendant le règne des Ottomans grâce à son acoustique exceptionnelle. Elle est aussi connue pour avoir été le lieu où se trouvaient les malades et les handicapés et où Jésus à soigné un paralytique. Le fameux « Lève-toi et marche », c'est là !

C'est la croix et la barrière

Nous regagnons ensuite facilement la via Dolorosa. Arrivés à la première station, celle où Jésus a été jugé par Ponce Pilate, nous sommes étonnés de voir aussi peu de monde. Après nous être informés, nous apprenons que les processions se déroulent au bon vouloir des groupes et non avant la messe de l'après-midi comme le pensait Marie. Nous décidons de faire le chemin de croix sans procession. Arrivés à la 7ème station, celle où Jésus mit un genou à terre pour la deuxième fois, nous rattrapons un groupe d'Africains qui marche en procession derrière un prêtre prêchant en français. Chouette ! Nous décidons de les suivre et de finir le chemin avec eux.

C'est la croix et la barrière

Il y a beaucoup de monde dans les rues. Vers 17h, les cloches sonnent, les minarets crient, boutiques commencent à fermer car c'est le début de Shabbat. A ce moment précis, il est surprenant de voir les chrétiens réciter le « Notre Père » au milieu des musulmans en pleine prière.

 

Nous arrivons devant le Saint-Sépulcre où se situent les 5 dernières stations. Là encore, des barrières de police régulent l'entrée. Enfin, ils gèrent ça plutôt à l'arrache car une énorme procession qui arrive de l'autre côté de la rue (ne suivant donc pas le chemin de croix) entre dans le Sépulcre alors que nous étions sur le point d'y pénétrer. Il paraît impossible de rentrer avant une bonne heure d'attente. Nous décidons donc de rentrer à l'hôtel. Nous ferons ce soir un repas sur le balcon (sans viande pour Maire, sans trop de viande pour Guidu).

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