Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

C'est pas la mer à boire

Publié le par Marie et Guidu

Mardi 22 avril :

 

Nous avons été réveillés en pleine nuit par... on ne sait pas trop quoi, sûrement des bêtes du désert qui venaient se frotter à notre cabane en contre-plaqué. Bon. On préfère ne pas trop savoir ce que c'était. Un chameau, un dromadaire, un bédouin, la fille du bédouin... toutes les hypothèses sont permises.

 

Nous avons de la route aujourd'hui. Nous quittons l'hôtel tôt pour nous rendre à Massada. La forteresse a été construite par Hérode (encore lui) au 1er siècle en haut d'un piton rocheux, proche de la mer Morte. Elle a été prise en 66 après J.C. par les Sicaires, des rebelles juifs qui voulaient se défaire du joug romain. En 72, après la prise de Jérusalem par les Romains, Massada fut le dernier bastion à résister. 1000 personnes environ y vivaient. Les Romains ont assiégé la ville pendant plusieurs mois. Grâce à leurs machines de guerre, ils parvinrent à monter une rampe et ouvrir une brèche dans la forteresse, qu'ils enflammèrent. Préférant mourir qu'être asservis par les Romains, les habitants décidèrent de se suicider collectivement. Seuls deux femmes et cinq enfants, qui s'étaient réfugiés dans des grottes, en réchappèrent. Ils témoignèrent de cette fin aux Romains.

Plus tard, Massada devint byzantine puis fut abandonnée. Un grand tremblement de terre survint au Ve siècle, laissant la ville en ruines. Elle fut redécouverte au XIXe siècle. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, lorsque les Allemands approchèrent, les juifs de Palestine projetèrent de s'y retrancher. Les fouilles archéologiques commencèrent au XXe siècle.

 

Nous commençons par la visite du musée, à l'entrée nord du site. Il nous apprend l'histoire de la cité. Nous y voyons de nombreux objets du 1er siècle, et notamment des morceaux de poteries sur lesquels sont inscrits les noms des 10 personnes tirées au sort pour superviser le suicide collectif puis se donner la mort à leur tour.

 

Nous entamons ensuite la montée du piton rocheux à pied. Le soleil cogne alors que nous ne sommes qu'en avril. Nous imaginons la chaleur torride de l'été et le courage qu'il faut aux grimpeurs pour le faire en juillet-août. Le piton culmine à 60 mètres d'altitude. Ca paraît peu mais le départ se situe à -350 mètres. En avant !

C'est pas la mer à boire

Nous entrons dans la forteresse. Le site, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, est bien réaménagé. L'audioguide nous audioguide. Depuis là-haut, la vue est splendide. On repère les camps romains et, au loin, la Mer Morte.

C'est pas la mer à boire
C'est pas la mer à boire

Nous voyons le palais d'Hérode, qui s'étend sur plusieurs étages, des restes d'églises, des thermes romains, des maisons avec, toujours au loin, les montagnes. Que c'est beau !

 

Nous restons là-haut toute la matinée. La redescente est rapide. Après un petit sandwich shawarma (wahou, de la viande !), nous nous dirigeons vers la mer Morte. Elle mesure 65 km de long et près de 20 de large. Elle doit son nom au fait qu'aucun être vivant ne peut y vivre, hormis quelques bactéries (ça arrange bien Marie : chouette, aucun poisson à craindre !) Elle perd plus d'un mètre de profondeur tous les ans, ce qui est lié aux industries et à l'agriculture qui assèchent le Jourdain, principale source de la Mer Morte, et à l'évaporation naturelle.

 

Nous sommes conscients de tout cela mais comment passer à côté du test de la baignade où tu ne coules jamais ? Hop, nous voilà en maillot de bain, au bord de l'eau.

C'est pas la mer à boire

On est des touristes, certes, mais des touristes avertis. Comme un touriste averti en vaut deux. C'est comme si on était 4 touristes, ce qui n'est pas possible parce qu'on ne peut pas rentrer à 4 dans notre voiture de location. Ce qui prouve que ce proverbe ne veut strictement rien dire !

Cependant, nous avons bien lu les recommandations avant d'entrer dans l'eau : pas de bijoux, pas plus de 15 minutes de trempette, surtout ne pas mettre la tête sous l'eau car la forte concentration en sels minéraux, en chlorures de magnésium, de calcium, de potassium peut être néfaste et provoquer un aveuglement temporaire. Autre mise en garde : ne pas boire la tasse car l'ingestion en grande quantité peut provoquer la mort... (la concentration de sel est 9 fois plus importante que dans les océans). Allez, à l'eau...

Bilan : le test de la planche est vérifié :

C'est pas la mer à boire

Il est impossible de couler. L'eau présente un aspect huileux. La mer est vraiment salée (beurk !) et la moindre goutte brûle les yeux (aïe !). La brasse est plus que difficile car les pieds remontent. Heureusement, nous n'avons pas de coupures car on l'aurait bien senti passer...

 

Un peu plus loin, second test : les vertus de la boue de la mer Morte. Nous nous en enduisons généreusement. Le problème est qu'il faut repasser par les graviers pour rejoindre les serviettes... et l'appareil photo. Autant le dire, il faut quand même avoir pas mal de corne sous les pieds pour rentrer indemne. Guidu y arrive, Marie abandonne, préférant passer par l'eau.

C'est pas la mer à boire

D'après les guides, le peeling et l'effet peau douce sont garantis. C'est vrai, après une bonne douche à l'eau claire, notre peau est toute douce. Est-ce lié aux vertus de la boue ou au fait que la boue ressemblait plutôt à de la bouillasse-caillasse, les petites caillasses accomplissant l'effet peeling ? Bon, soyons francs, la trempette dans la Mer Morte, c'est marrant une fois mais tous les jours... ça picote sévère et la boue peine à partir... ça ne vaut pas une baignade à la plage en Roux. Bon, c'est vrai aussi qu'on se baigne 400 mètres au-dessous du niveau de la mer et ça c'est quand même pas fréquent.

C'est pas la mer à boire

Après la trempette, nous remontons vers le nord en passant par la Palestine. Que c'est beau ! Les montagnes de Jordanie se reflètent dans la mer Morte.

C'est pas la mer à boire

Nous arrivons à Qumrân, cité célèbre pour avoir dissimulé les manuscrits de la Mer Morte pendant près de 2000 ans. Au temps naguère, à partir du Ier siècle avant J.-C., jusqu'en l'an 68, une communauté-secte occupait les lieux. Les gars passaient leurs journées à se tremper dans les bains rituels et à écrire. Se sentant en danger par l'invasion romaine, ils ont caché leurs écrits dans des jarres, elles-mêmes cachées dans des grottes elles-mêmes cachées dans la montagne. Bien plus tard, un p'tit berger, à la recherche d'une de ses biquettes égarées, fit tomber un caillou dans une grotte et entendit un bris de jarre. Il descendit voir là-dedans le curieux. Et voilà.

C'est pas la mer à boire
C'est pas la mer à boire

Ces manuscrits sont les plus anciens écrits trouvés (ils comportent notamment des passages de la bible hébraïque). Après un travail de restauration, ils sont aujourd'hui tous édités.

 

 

Nous traversons la vallée du Jourdain. En quelques kilomètres, le paysage est passé du désert de pierres rappelant la Cappadoce aux palmeraies puis au collines vertes. On n'est jamais allé en Ecosse mais on se dit que les Highlands pourraient ressembler à ça (avec 20 degrés de moins et du vert un peu plus verdoyant).

 

 

Nous arrivons en fin d'après-midi à Nazareth et nous nous installons dans un super hôtel logé dans la vieille ville avec arcades et vieilles pierres. Nous sommes dans une annexe avec deux chambres, cuisine, salle de bain et terrasse. Ca nous change du désert ! Oui, le roots aime faire le roots dans des hôtels merdiques et pas chers mais il apprécie aussi les hôtels avec un peu de confort mais pas chers. Après le sable du désert et la bouillasse-caillasse de la Mer Morte, c'est agréable. Comble du luxe : une machine à laver en libre-service. Youhou, on va pouvoir laver les chaussettes de rando qu'on porte depuis trois jours ! Et puis aussi : c'est la fin de Pessah et donc le retour des bières ! Youhou !!!

Commenter cet article